(chinois) “价值提高专家”?这个有趣的新职业究竟是什么?两位法国人年 轻人创造了“艺术保护区 ”,这是联系艺术与环保的一个概念, 可以把往往为人所弃的崭新材料应用在文化领域。Jeanne Granger和 Sylvie Bétard在这里会详细介绍他们的工作。
中国 Technikart : 你们是怎么有这个构想的?
Jeanne Granger 和 Sylvie Bétard:我们在学习文化机构 管理专业硕士的最后一年相识。2007年,我们发
现Montparnasse博物馆里有一块Krajcberg专区,Krajcberg是转入巴 西国籍的一位艺术家,花费毕生精力反对砍伐亚马逊森林,也 是最早为此大声疾呼的人。我们在这块专区举办展览、组织报 告会。这里保存了历史上最早把美学和伦理学联系起来的材 料,现在这种构思已经生根发芽。在法国有人支持这种想法, 其中包括批评家Pierre Restany。1978年,他和Krajcberg 在一次亚马逊旅行之后共同撰写了《完全自然主义的表现》一 文,文中叙述了二十一世纪怎样会出现融合这两种概念的艺术 家。当时社会的反响很差,但是这篇文章是我们对艺术与环保 联系思考的基础。
中国 Technikart : 纽约的“艺术材料”组织也是一个 范例,你们能谈谈吗?
产生的想法。它的创建人在动物园工作,需要一台冰箱储存药 品,但是她没有去买新冰箱,而是通过电台发出呼吁,结果 很快就收到了五台冰箱。这反映出存在过度生产和过度消费的 问题。当时PS1博物馆正在建设中,该组织利用博物馆的基础 回收堆积的废料。渐渐的,纽约市政府对这种做法开始产生兴 趣。现在,纽约市资助“艺术材料”组织100 %的开销,该组 织现在拥有2000平方米的场地、三台卡车、15名长期员工, 每年回收2500吨原料。我们想根据他们的经验,制定适合巴 黎地区政策的计划
中国 Technikart : 具体来说要如何进行呢?
我们和奢侈品企业、公共建筑企业、传播机构、大商场超市联 系,请他们提供材料,而且已经和两个公司建立了合作伙伴关 系。Euro RSCG广告公司提供一些我们感兴趣而且能够使用 的“新垃圾”、拍照后剩下的东西、他们用过的一些材料。我 们还回收布料、木头、装饰品、各种动产的附件。另外,我们 和一家法国著名奢侈品牌公司合作,这家公司暂时还不想公开 身份。因为企业们也正在测试这种合作模式。 始,他们不知 道能给我们什么东西,后来在他们的生产部门检查过以后,我 们提供了一份清单,告诉他们哪些材料对艺术创作有用处。我 们定期进行这种工作,这样他们可以确定物流,考虑生产,并 且在他们的可持续发展政策框架中确定废料数量。
中国 Technikart : 然后你们通过你们的网站或者东京 宫(译者注:地处巴黎的现代艺术博物馆)销售?
是的,这座博物馆用和“保证农民作物协会”(Amap)一样 的系统与我们合作,就是说博物馆提供给我们交货平台。我们 展示从企业那里得到的原材料。可以在网上查询我们的共享产 品目录,目录上详细注明每种材料的数量和其他细节。
中国 Technikart : 展览结束后你们也回收用过的材料 吗?
所有举办活动、为几天使用而搭建建筑的情况下,通常都用可 以大量回收的材料,不过需要很细致准确的拆卸。可是人们拆 卸时往往很不小心,而且把东西统统扔掉。这时我们这样的价 值提高专家就会派上用场,来保证拆卸顺利进行。在大宫殿( 译者注:巴黎一家著名展览馆)的“艺术力量”展览结束后, 我们希望能够拿到一个巨大的木质构架,但是提供该构架的公 司理解了它的价值,自己回收了……
中国 Technikart : 你们的客户都是什么人?
目前大多数是一些独立工作者:服装师、制片监督、艺术家、建筑系学生……参加我们团体的费用和那些材料一样,很便 宜。他们还可以预定我们目前没有的材料,如果时间足够,我 们可以为客户寻找他们需要 材料。比如,我们为模型车间提 供一整年的建筑学校服务。我们的机构正逐渐前进,因为即使 文化领域的转用和循环使用的能力很强,我们发现人们还是对 设施感到担忧。这些情况的出现是由于原则或者品 的问题都 在变化,而且在我们的机构里可以找到非常新颖的东西。
中国 Technikart : 你们有没有与可持续发展部联系过 呢?
联系过,因为需要存货的空间和一间店面。我们希望有一个类 似重复利用的论坛,在那里可以讨论环境 题,交流知识和能 力。我们撰写了一部艺术创作环保宪章,目的是为所有文化领 域确立跨部门参考。我们 着从理论上树立艺术保护区起源, 说明艺术与环保之间的联系,而不是做道德说教。不显示一种 特定的美感非常重要,因为环境不存在品味问题,而且我们也 不想被人贴上绿色艺术家或者有机作品这样的标签…… 我们的工作汇集了众多领域:广义的文化领域、某种程度上来 说有政治领域、从提高价值这方面来看还包括经济领域,“提 高价值”不仅仅指原材料,还指人力资源。尽管我们的工作不 属于经济问题,但还是在逐渐发展过程中,因为这是一种负责 任的行为,有深刻的应用意义。
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Entretien MARIE MAERTENS 采访
Les « Valoristes » ? Quel est donc ce drôle de nouveau métier ? Deux jeunes françaises ont créé La Réserve des arts, un concept liant art et écologie, qui permet de réemployer du matériau neuf, mais souvent jeté, dans le domaine culturel. Développement durable oblige, cette initiative est promise à un grand avenir. Jeanne Granger et Sylvie Bétard décrivent leur activité.
TECHNIKART CHINE: Comment est né votre projet ?
JEANNE GRANGER ET SYLVIE BÉTARD: Nous nous sommes rencontrées durant notre dernière année d’étude, en master de management des entreprises culturelles. En 2007, nous avons découvert le musée du Montparnasse, qui abrite l’espace Krajcberg, du nom de cet artiste naturalisé brésilien, qui travailla toute sa vie contre la déforestation amazonienne et poussa très tôt un cri de colère. Nous y avons organisé expositions et conférences. Cet espace regroupe les prémices historiques d’un mouvement qui aujourd’hui a éclos, liant l’esthétique à l’éthique. C’était intéressant de voir qui, en France, avait été partisan de cette rencontre. Parmi eux, le critique Pierre Restany rédigea en 1978 avec Krajcberg, à la suite d’un voyage en Amazonie, « Le Manifeste du naturalisme intégral », qui raconte comment le XXIe siècle devra produire des artistes qui allieront ces deux concepts. Ce texte, très mal reçu à l’époque, fut l’une des bases de notre réflexion sur le lien entre l’art et l’écologie.
TECHNIKART CHINE: Le « Material for the arts » de New York fut aussi un exemple, pouvez-vous y revenir ?
JG & SB: Oui, ce modèle est né dans les années 1970, de façon spontanée. Sa fondatrice travaillait dans un zoo et eut un jour besoin d’un frigo pour ses médicaments. Plutôt que d’en acheter, elle passa un message radio et dans l’heure en a reçu cinq, démontrant qu’il y avait à la fois un problème de surproduction et de surconsommation. Le musée PS1 était alors en train de se construire et lui permit d’utiliser les fondations du bâtiment pour proposer le matériel qu’elle récupérait et détournait des encombrants. Progressivement, la ville s’est intéressée au projet. Aujourd’hui, elle finance à 100% le MTA qui bénéficie de 2000 m2, détient trois camions et une flotte de 15 permanents, recyclant 2500 tonnes chaque année. Nous avons voulu capitaliser sur leur expérience et l’adapter aux politiques franciliennes.
TECHNIKART CHINE: Concrètement, comment cela se passe-t-il ?
JG & SB: Nous nous adressons aux entreprises qui sont dans le luxe, les BTP, la communication et la grande distribution pour nous fournir en matériel. Nous sommes déjà en partenariat avec deux sociétés. Euro RSCG nous donne un certain nombre de produits qui nous intéressent et qui doivent être utilisables, du « déchet
neuf ». Ce sont soit des restes de shooting, soit des matériaux employés par cette agence de publicité. Nous récupérons aussi bien du textile, du bois, des éléments de décor, des accessoires que du mobilier. Nous travaillons aussi avec une marque de maroquinerie française de luxe qui, pour l’instant, désire demeurer anonyme. Au départ, les sociétés ne savent pas ce qu’elles peuvent nous octroyer, mais à la suite d’un audit que nous faisons sur les sites de productions, nous leur fournissons une liste de matériaux qui sont valorisables par la création artistique. C’est un processus régulier qui leur permet de déterminer les flux, de réfléchir à leur production et, dans le cadre de leur politique de développement durable, de quantifier les gâchis.
TECHNIKART CHINE: Vous mettez par la suite ces produits en vente sur votre site ou en passant par le Palais de Tokyo ?
JG & SB: Oui, ce musée nous accueille avec le même système que les Amap, c’est-à-dire en nous mettant à disposition leur quai de livraison. Nous montrons un échantillon de ce que nous récupérons dans les entreprises. L’ensemble de notre catalogue est en ligne avec les quantités et le détail de chaque matériau.
TECHNIKART CHINE: Vous pouvez aussi recycler des éléments à la fin d’expositions ?
JG & SB: Disons que tout ce qui est événementiel, et construit pour quelques jours, propose toujours du matériel amplement réutilisable, mais qui nécessite un démontage très précis et propre. Or souvent, ces salons font de l’arrachage intempestif et jettent l’ensemble à la benne. Cela nécessite de mettre en place des valoristes, comme nous, qui permettent de bien démonter. À « La Force de l’art », une exposition qui était au Grand Palais, nous pensions récupérer une gigantesque structure en bois, mais l’entreprise qui l’avait fournie a compris l’intérêt de la recycler…
TECHNIKART CHINE: Qui sont vos clients ?
JG & SB: Pour l’instant, nous avons surtout des indépendants: costumiers, régisseurs, artistes, étudiants en architecture… L’adhésion est assez peu chère, comme le matériau lui-même. Ils peuvent aussi nous passer commande en amont et, si les délais le permettent, nous « sourçons » pour eux ce matériel. Nous pouvons aussi fournir à l’année un atelier maquette d’une école d’architecture, par exemple. Nous avançons de façon progressive car dans le secteur culturel, même s’il y a historiquement une capacité à détourner et à réutiliser, on note encore une appréhension concernant les équipements. Tout cela est en train d’évoluer.
TECHNIKART CHINE: Avez-vous approché le ministère du Développement durable ?
JG & SB: Oui, car nous avons besoin d’un espace de stockage et d’un magasin. Nous aimerions un lieu qui soit un forum de la réutilisation, où l’on puisse discuter de la question de l’écologie ou échanger sur les savoir-faire et les compétences. Nous avons rédigé une charte de l’éco production artistique qui tente d’être un point de référence transversal pour tous les secteurs culturels. Nous essayons d’asseoir théoriquement les origines de La Réserve des arts et du lien entre l’art et l’écologie, sans être moralisateurs. De nombreux secteurs se rencontrent dans notre activité: le secteur culturel au sens large, le secteur politique d’une certaine façon, et le secteur économique par rapport à cette idée de la valorisation des matériaux mais aussi des êtres humains. Les choses vont se faire progressivement car avoir une démarche responsable, même si c’est par souci économique, témoigne d’une implication profonde.
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Entretien MARIE MAERTENS