超级男子汉
Cyprien Gaillard在30岁的时候成了法国最出色的艺术家。通过他的才华、雄心、国际地位、美术馆、亲友,我们将详细 分析他成功的所有因素
作品
几年间,Cyprien Gaillard成了炙手可热的艺术家,他的知名 度在国外比法国更高。现在他的作品售价在2 500 到100 000 欧元之间,Bernard Arnault、François Pinault都购买过他 的作品,但其作品的收藏者主要分布在美国、瑞士、意大利。他的作品受自然艺术的影响,穿过所有的中间区域,通过朋克 般惊人的能量糅合当代的浪漫色彩探索过去,以求重新塑造现 在。俄国作家纳博科夫认为未来是颠倒的现在,Cyprien很喜 欢这种观点,并把它延伸。正如他最近在一本德文专著里说的 那样:“我的工作开始于考古学家结束的时间与地点。”
才华
Cyprien Gaillard把楼房的栏杆插入十七世纪弗朗德勒雕刻 里;Cyprien Gaillard在墨西哥海水浴车站附近拍摄一些人 正在大口灌酒求得一醉,以此重新诠释动画片《神秘的黄金 城》,Cyprien Gaillard通过上述手段向古废墟致敬,赞美 它们的同时加入一丝对现代化失败的伤感。在2007年他的名 为“Desniansky Raion”展览上,伴随着Koudlam 的电子摇 滚音乐,Cyprien Gaillard展示了足球流氓在圣彼得堡的一个 停车场上斗殴的场面、光线与焰火表演下地处巴黎北方被拆毁 的低租金住房楼群、基辅的大楼。对艺术家Stéphane Calais 来说,Cyprien Gaillard是“他那一代中,融合摇滚美感最 好、唯一能够做出亮点”的艺术家。Nicolas Bourriaud曾经 帮助过Cyprien Gaillard获得马塞尔∙杜尚奖,并发展出“可 变现代主义”理论,他评价说:“ 为最后领域的探索,他在 艺术史上的描述和过去的时刻吻合,并扮演着重要角色。他是 可变现代主义最典型的代表。”
雄心
我们看到Cyprien Gaillard出现在纽约现代艺术博物馆、华 盛顿、韩国、柏林,和Man Ray, Duchamp, Atget, Fishli & Weiss比肩。今年,Cyprien Gaillard获得了马塞尔∙杜尚奖。一方面Cyprien Gaillard凭借自己的天才在2005年毕业于洛 桑艺术学院,另一方面是这位法国天才的雄心帮助他获得了这 样的成绩。和Ida Tursic一道组成艺术界著名双人组的Wilfied Mille表示:“他没有秘密,他的成功来自勤奋。” 多功能展 馆馆长Gilles Drouault还记得Black Flag展览,那次集体展 出上邀请了Cyprien展示他印有当代艺术家头像的T恤,好像 摇滚明星一样,这些艺术家(Hirst, Cattelan, Wall et Beecroft).在T恤上签名。2000年中期,他在当代艺术展会、巴黎 兵器展、威尼斯双年展入口处卖这些T恤。Drouault证实:“ 他工作时的那种坚定非常惊人,而且他选择的美术展馆总是很 适合。”
国际地位
Cyprien很快就要在洛杉矶Hammer博物馆举办展 览,Cyprien是在转战巴黎前已经在外国获得巨大成功一代 艺术家的佼佼者。在Cyprien巴黎代理Claudia Cargnel,身 旁,画廊经营者Frédéric Bugada说:“法国总是很迟才承 认一个艺术家的才华。我们很高兴进入法国市场,但是并不自 认为是法国画廊经营者,和Cyprien不特别强调自己是法国艺 术家一样。”国际市场的成功还要归功于Cyprien Gaillard本 人不断旅行,他的日子常常在飞机上度过。Stéphane Calais 解释说:“他可以把自己的世界带到各地,它不需要一个固定 的工作室,同一个月里他可以在雷克雅维克、纽约、柏林出 现。Nicolas Bourriaud说:“今天,艺术家们不再从本国的
美术馆
Nicolas Bourriaud成果的另一个关键是美术馆的优秀工作。 在伦敦、柏林Sprüth Magers美术馆让年轻艺术家的事业腾 飞。在巴黎,Claudia Cargnel和Frédéric Bugada把他们 最出色的成功比作“一颗非凡的天然钻石,这颗钻石需要打 磨、镶嵌在戒指上,并送给合适的人。”
亲友
在90年代,Cyprien的父母离婚,当时他还是个少年,与两个 兄弟住在圣弗朗西斯科。他后来和母亲回到巴黎在美国学校学 习,他和父亲分居两地但一直保持联系,他的父亲很富有,是 Atari公司的财政总管。父亲常常在周六送他到东京宫(译者 注:巴黎一家大型艺术展览馆)去玩滑板,这个爱好影响了他 与巴黎的关系,并塑造了他独立的性格。他的好友Koudlam 来自平民家庭,是音乐界的明星,两人相识20多年,合作过多 次。另一个朋友Payam Sharifi是以色列裔得克萨斯人,艺术 家、随笔作者,对高加索人很感兴趣,创建了Slavs与 Tatars 团体。Payam Sharifi和Gaillard一样,对世界的看法既深远 又贴近。
文 / Texte CHARLES BARACHON
Le parcours d’une nouvelle star française d’art contemporain à la loupe
UN SACRÉ GAILLARD
À 30 ans, Cyprien Gaillard est devenu le meilleur artiste français. Talent, ambition, positionnement international, galeries, entourage: on décortique tous les ingrédients de cette réussite explosive.
LE TRAVAIL
En quelques années, Cyprien Gaillard est devenu un artiste très convoité, plus encore à l’étranger qu’en France. Ses oeuvres, qui se vendent aujourd’hui entre 2500 et 100 000€, ont été achetées par Bernard Arnault et François Pinault, mais ses principaux collectionneurs sont américains, anglais, suisses ou italiens. Influencé par le land art, son oeuvre, qui traverse tous les médiums, explore le passé pour remodeler le présent avec une impressionnante énergie punk teintée d’un romantisme contemporain. Si Nabokov pensait le futur comme le présent à l’envers, Cyprien, qui aime la vision de l’écrivain russe, la prolongerait, comme il le déclarait récemment dans une monographie éditée en Allemagne : « Mon travail commence au moment et à l’endroit où celui des archéologues s’arrête. »
LE TALENT
Lorsqu’il insère des barres d’immeubles dans des gravures flamandes du XVIIe ou rejoue le dessin animé « Les Mystérieuses Cités d’or » en filmant des gens en train de se bourrer la gueule près d’une station balnéaire mexicaine, Gaillard rend hommage aux ruines de l’architecture du passé, les célèbre tout en ajoutant à l’entropie une mélancolie liée à l’échec du modernisme. Même maîtrise de l’histoire dans « Desnians-ky Raion », en 2007, qui montre, sur une musique électro rock de Koudlam, des hooligans se tabassant sur un parking d’une banlieue de Saint-Pétersbourg, un spectacle de lumières et de pyrotechnie accompagnant la destruction d’un grand ensemble d’HLM au nord-est de Paris puis des tours de Kiev. Pour l’artiste Stéphane Calais, Cyprien Gaillard est celui qui, « parmi sa génération, a sans doute le mieux intégré l’esthétique rock, le seul capable de sortir des hits ». Pour Nicolas Bourriaud, qui l’a soutenu pour le prix Marcel-Duchamp et a développé une théorie qu’il a appelée l’altermodernisme, « son inscription dans l’histoire de l’art correspond à un moment où le passé, en tant que dernier territoire à explorer, joue un rôle central. C’est l’artiste le plus représentatif de l’altermodernisme. »
L’AMBITION
On a vu Gaillard au Moma, à New York, aux côtés de Man Ray, Duchamp, Atget ou encore Fishli & Weiss, à Washington, en Corée et à Berlin. Il a remporté en 2010 le Prix Marcel Duchamp. Mais au-delà du talent de celui qui est sorti de l’école d’art de Lausanne en 2005, le succès de cette french pointure s’explique aussi par son ambition. « Il n’y a pas de secret. C’est un bosseur », explique Wilfied Mille, qui forme avec Ida Tursic un duo d’artistes prometteurs. Gilles Drouault, le directeur de la galerie des Multiples, se souvient de « Black Flag », une exposition collective pour laquelle il avait invité Cyprien à montrer ses tee-shirts à l’effigie d’artistes contemporains, façon rock stars, signés par les concernés (Hirst, Cattelan, Wall et Beecroft). Au milieu des années 2000, Gaillard les vendait à l’entrée de la Fiac, de l’Armory Show Paris et de la Biennale de Venise. Drouault confirme : « Il a une détermination quasi physique dans sa manière de travailler. Et il a fait les bons choix en termes de galeries. »
LA POSITION INTERNATIONALE
Bientôt en résidence au Hammer Museum de Los Angeles, Cyprien est le fer de lance d’une génération d’artistes qui a enfin saisi que l’on peut très bien réussir à l’étranger avant d’être consacré à Paris. « Surtout que la France est la spécialiste pour reconnaître tardivement ses artistes, souligne le galeriste Frédéric Bugada qui, aux côtés de Claudia Cargnel, représente Cyprien à Paris. Nous sommes ravis de participer à la scène française, mais nous ne nous considérons pas comme des galeristes français, tout comme Cyprien qui ne se revendique pas comme un artiste français. »
À cette ambition internationale, il faut ajouter l’ultra-mobilité de Gaillard, toujours entre deux avions. « Il peut transporter son univers partout, explique Stéphane Calais, il n’a pas besoin d’atelier au sens strict et peut être à Reykjavik, New York et Berlin au cours du même mois. » « Aujourd’hui, les artistes ne partent plus de leur culture d’origine, mais explorent les sphères de la culture en fonction de leur position géographique du moment », ajoute Nicolas Bourriaud.
LES GALERIES
Une autre clé du succès de Cyprien Gaillard réside dans la qualité du travail effectué par ses galeristes. À Londres et Berlin, Sprüth Magers pousse leur jeune protégé vers le haut. À Paris, Claudia Cargnel et Frédéric Bugada comparent leur plus belle réussite à « un diamant brut exceptionnel qu’il faut tailler, monter sur une bague et présenter aux bonnes personnes ».
L’ENTOURAGE
Dans les années 90, les parents de Cyprien divorcent alors qu’il est adolescent et vit avec ses deux frères à San Francisco. Lui rentre à Paris avec sa mère – direction l’école américaine – et entretient à l’époque une relation distante avec un père issu de la grande bourgeoisie et directeur financier à Atari, qui le dépose régulièrement au Palais de Tokyo le samedi pour le laisser faire du skate, une passion qui a conditionné son rapport à la ville et son caractère indépendant. Parmi ses proches, son amitié avec Koudlam, son pendant musical, venu lui d’un milieu très modeste, qu’il connaît depuis ses 20 ans, sera à l’origine de nombreuses collaborations. L’autre pote, c’est Payam Sharifi, un Texan d’origine iranienne, artiste et essayiste passionné par les peuples du Caucase et fondateur du collectif Slavs and Tatars. Quelqu’un qui, comme Gaillard, a une vision du monde à la fois large et au plus près.
文 / Texte CHARLES BARACHON